Les phyto-oestrogènes : peu de risques pour peu d’effets

Comme pour la plupart des molécules exogènes pourvues de propriétés oestrogéniques, les phyto-oestrogènes sont des mimes structuraux de l’estradiol, hormone stéroïde sexuelle naturellement produite par l’animal (voir figure). Ces composés sont des polyphénols synthétisés par les plantes (soja, houblon, trèfl e ou certaines algues marines) et peuvent induire des réponses physiologiques agonistes et/ou antagonistes via leur association au récepteur d’oestrogènes a[1-3]. La majorité des phytooestrogènes est répartie en cinq familles de molécules: les fl avones, isoflavones, lignanes, coumarines et les stilbènes[2, 4].

Dans les années ’80, se basant sur des études épidémiologiques de populations asiatiques, des travaux ont suggéré que les isofl avones et lignanes du soja pouvaient prévenir du cancer du sein[5-9]. En accord avec ceci, l’utilisation de phyto-oestrogènes à titre préventif vis-à-vis de la carcinogenèse mammaire ainsi que pour le traitement des symptômes associés à la ménopause a été proposée[10-12]. Concernant ce dernier point, les compléments alimentaires enrichis en phyto-oestrogènes ont souvent une bonne connotation dans l’opinion publique contrairement aux traitements hormonaux de substitution [13] pour lesquels les risques de développement de cancer du sein sont avérés. Néanmoins, cette approch « naturelle » est toujours sujette à controverse étant donné que diverses études ont démontré que ces composés ont un effet prolifératif sur des lignées cancéreuses mammaires, même à basses concentrations[5, 14, 15]. Par ailleurs, l’efficacité de phyto-oestrogènes n’étant pas toujours prouvée, le rapport risques / bénéfi ces est diffi cilement évaluable. Ainsi, la pertinence de leur commercialisation et de leur utilisation en tant que compléments alimentaires est aujourd’hui mise à mal…